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Lutte contre la fraude : Gabriel Attal accusé d’avoir embelli son bilan en évoquant des résultats « historiques »

Quoi de plus puissant que la fraude fiscale et sociale pour s’adresser aux classes moyennes dans un contexte de finances publiques sous tension ? Près d’un an après avoir présenté, en mai 2023, son plan de lutte contre « toutes les fraudes » en tant que ministre délégué chargé des comptes publics, Gabriel Attal, nommé entre-temps premier ministre, est revenu à Bercy pour présenter avec son successeur, Thomas Cazenave, un bilan d’étape de ce chantier, auquel il avait attaché son nom autant qu’à celui sur les groupes de niveau au collège à l’éducation nationale.
« La fraude fait 70 millions de victimes, a-t-il rappelé, mercredi 20 mars, dans la salle de conférences au septième étage de l’hôtel des ministres de Bercy. C’est aussi un impôt caché sur les Français de classe moyenne, qui travaillent et qui respectent les règles. »
Au caractère éminemment politique de la fraude fiscale et sociale s’ajoute désormais un impératif de redressement des finances publiques. « Nous préférons augmenter la pression sur les fraudeurs plutôt qu’augmenter les impôts sur les Français, a d’emblée précisé le premier ministre. C’est plus difficile, c’est peut-être moins rapide, c’est sans doute moins visible, mais c’est plus juste. »
Les résultats du plan, qui ne comportait pas d’objectif chiffré sur le volet fiscal, sont à ses yeux « historiques » : en 2023, l’administration fiscale a mis en recouvrement 15,2 milliards d’euros, selon M. Attal. Soit 600 millions de plus qu’en 2022, a-t-il annoncé, en se félicitant de « montants records ».
Une affirmation qui a fait bondir plusieurs élus socialistes, pour qui le chiffre n’est pas un record. En 2015, le total des montants redressés dépassait en effet 21 milliards d’euros, selon le rapport annuel de l’administration fiscale.
« Historique, vraiment ? », a donc ironisé mercredi soir sur le réseau X la députée socialiste du Puy-de-Dôme Christine Pirès-Beaune, secrétaire de la commission des finances de l’Assemblée nationale, en mettant les chiffres 2015 et 2023 côte à côte. « Gabriel Attal est un menteur ! », a lancé de son côté Christian Eckert, ancien secrétaire d’Etat chargé du budget entre 2014 et 2017 sous François Hollande, sur le même réseau social.
Lors du quinquennat du président socialiste, entre 2012 et 2017, les montants des mises en recouvrement de fraude fiscale étaient régulièrement compris entre 15 milliards et 20 milliards d’euros, avant que le fisc ne décide de communiquer sur les montants effectivement recouvrés, parfois très inférieurs. Bercy n’a d’ailleurs pas encore publié les montants recouvrés en 2023. Les chiffres avancés par M. Attal sont « un record historique, mais depuis 2017 seulement », a raillé Vincent Drezet, l’ancien responsable du syndicat de Bercy Solidaires, spécialiste des questions fiscales et porte-parole d’Attac.
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